2012-04-03, France Culture, Les Nouveaux chemins de la connaissance : sur WALTER BENJAMIN, "L'œuvre d'art à l'heure de sa reproductibilité technique". --- L'AUTEUR. Un penseur qui n'est pas systématique. Une multiplicité de points de vue, de périodes de réflexions. Un penseur ambigu, difficile à saisir. Un « empirisme délicat » [GOETHE?], la mise à plat d'une pensée à l'encontre du lecteur. Rapport à la phénoménologie. Pas d'autonomie de l'esthétique : tout domaine de la pensée mène à un autre. D'un ouvrage, on effeuille le texte et il ne reste rien. SA VISION DE L'ART. L'art n'est pas séparé de la technique et la technique crée un autre rapport à l'art. La modernité (par la reproductibilité) a liquidé l'aura (le caractère unique dans l'espace-temps, la singularité) de l'œuvre, la tradition de la transmission. L'œuvre passe de l'unicité à la série. BAUDELAIRE déjà traite de l'« irruption traumatisante de la photographie ». Benjamin est nostalgique de cette perte d'aura, et en même temps elle est inéluctable et sans doute profitable : elle peut révéler une essence (voir partie LE CINÉMA ET LA PHOTOGRAPHIE) et amener la culture au plus grand nombre. L'innovation technique réactive une utopie (l'aviation = la reconquête de l'air, Icare; le verre et le fer = la repensée de la ville, Fourier) mais cette utopie se dissipe (l'aviation guerrière en 14-18; les grands magasins, les bâtiments de masse). UNE ESTHÉTIQUE DE LA COLLECTION. Une esthétique de l'enfance. La collection d'objets déjà utilisés, reproduits : le sauvetage de fragments, de débris, au moment de la catastrophe. LE CINÉMA ET LA PHOTOGRAPHIE. Le cinéma en est le plus haut point : par la sérialisation, à l'intérieur par le montage (qui fragmente), par les « acteurs en exil » [PIRANDELLO] (qui jouent devant des machines). Par le gros plan, le cinéma fait mieux connaître le monde, nous révèle des zones étrangères à notre perception. Il nous montre à l'œil nu ce qu'on n'aurait pas pu voir (DELEUZE, sur "Blow Up" notamment). Une essence révélée. L'espace s'élargit grâce au gros plan, et le temps prend de nouvelles dimensions grâce au ralenti. La photographie devient une alternative au langage (mais aussi une fascination qui risquerait de se suffir à elle-même et de finalement ne rien produire à l'esprit du spectateur [BARTHES]).