Immigration et intégration.

La relation de l’opinion, des politiques et des médias, aux étrangers, aux immigrés et populations issues de l’immigration.

Références générales.

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Infographies.

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Intégration : un consensus de droite

Résumé de l’article d’Éric Fassin, paru sur le blog de Médiapart,

Mots-clés : droite, immigration, intégration, ps

De nouveau, Fassin dénonce avec bonheur la récupération par le gouvernement Ayrault d’une conception droitière de l’intégration, qu’il s’agisse de calcul politique ou, ici, de faiblesse. En effet, le gouvernement a récemment commandé un rapport sur l’immigration qui conclut à l’échec des politiques actuelles, largement défavorables aux migrants. Or, la droite (par la voix du Figaro) dénonce ces conclusions… et le gouvernement à sa suite (Ayrault puis Hollande, et bien entendu Valls).

Pour Fassin, il en est de l’intégration comme de la laïcité : le débat est immédiatement orienté en faveur d’une conception propre à la droite, où « l’autre » (étranger, d’origine étrangère, musulman, non-blanc, etc.) est systématiquement ramené à d’improbables devoirs d’intégration, et donc à une altérité qui l’empêche logiquement d’être intégré :

En effet, il y a ceux à qui on demande de s’intégrer, et ceux à qui on ne demande rien. Ceux-ci n’ont rien à démontrer, ceux-là ont toujours tout à prouver : à « eux » de s’intégrer, pas à « nous » ! Autant dire que ceux qui doivent impérativement s’intégrer ne le pourront jamais, puisqu’ils seront éternellement définis par cette exigence, et donc par cette « altérité ».

Il s’agit là pour l’auteur d’une conception racialiste voire raciste de l’intégration, partagée dans une sorte de consensus apolitique, très en vogue aujourd’hui pour de douteuses raisons républicaines. Or, comme le conclut malicieusement Éric Fassin : on le sait bien pourtant, le consensus n’est jamais apolitique, car l’apolitisme est toujours de droite.

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Les enjeux de la racialisation de la société française.

Notes sur une interview d’Éric Fassin, paru sur le site de France Télévision,

Mots-clés : france, racisme ordinaire, émancipation

La fabrication du racisme.

Bien que la race (chez les humains) soit une notion invalide, elle existe en pratique, en se basant par exemple sur la couleur de peau ou l’origine territoriale. Il existe aussi le glissement de la religion vers la race ou la racialisation d’une religion (ex : l’immigration musulmane). De même, les Roms (environ 10 millions en Europe) sont racialisés, jamais considérés comme les Européens qu’ils sont, et sont particulièrement rejetés. Dans tous ces cas, on a besoin des races pour justifier le fait de traiter des êtres humains différemment — avec inhumanité (NB : Albert Jacquard avait déjà montré que la notion de race en légitimait la hiérarchisation).

Plus subtilement, le racisme tient dans des éléments de langage, parfois malgré le locuteur. Par exemple, on peut demander ses origines à un Français pour la simple raison qu’il n’est pas blanc. Un autre problème est de parler de Français « de énième génération » : on dépossède ainsi constamment l’autre de sa nationalité en lui fixant une origine, et on pose en même temps qu’il y a des Français « de souche », de vrais Français. Autrement dit, on a l’impression qu’on est toujours en train de parler d’immigration, alors qu’en fait on est en train de parler de race. […] C’est ça, le racisme ordinaire.

En outre, les politiques doivent se sentir particulièrement responsables. Par exemple, croire que l’universalisme républicain suffit à effacer les différences empêche la reconnaissance des pratiques sociales et des politiques publiques qui créent [ces] différences. Cette situation est intenable, car du point de vue de l’institution les différences n’existent pas, tandis que du point de vue des personnes traitées inégalement, elles sont flagrantes (d’autant qu’une partie de la population dominante n’hésite pas à faire discrimination et ségrégation). En résistance, ces personnes se communautarisent ; ce qui prouve d’une part que [la question des identités] n’est pas la cause, mais la conséquence. D’autre part, l’effet est encore plus pernicieux puisque ces personnes victimes du racisme vont être traitées de racistes. Cela mène à une distinction assez nouvelle en France entre blancs et non-blancs. Ce n’est autre qu’une conséquence logique de la racialisation de la société, racialisation qui retombe sur la tête de tout le monde. Bien sûr inégalement. C’est un privilège d’être blanc.

Lutter contre le racisme.

Venant donc plutôt d’en haut que d’en bas, le racisme est affaire de rapports de pouvoir : [il] n’est pas le point de départ de politiques racistes, c’est l’inverse. Dès lors, les choix politiques deviennent déterminants (bien plus que l’éducation populaire) face à une discrimination systémique, quotidienne et inscrite dans le système social. Ces choix politiques peuvent se faire en trois temps :

  1. reconnaître les discriminations ;
  2. avoir des politiques antidiscriminatoires ;
  3. avoir des politiques de discrimination positive, dite aussi traitement préférentiel (comme on le fait avec la parité).

Éric Fassin remarque que les effets pervers qui pourraient éventuellement naître de telles politiques (en particulier de la discrimination positive) ne sont rien à côté de l’absence de politique, inaction qui défavoriserait à terme les personnes déjà victimes de discriminations.

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La face cachée des camps d’étranger·e·s en Europe.

Notes sur le rapport de la campagne Open Access Now, paru sur le site de Migreurop,

Mots-clés : droit, migrants, prisons

Ignorant avant tout les droits fondamentaux et la transparence démocratique, la détention des migrants étrangers d’Europe est inutilement longue et coûteuse, alors que moins d’1 détenu sur 2 est frappé d’expulsion — but premier de la détention. En Italie entre 2005 et 2011, le coût de l’accueil de ces migrants a été de 123 871 438 €, tandis que celui de la répression a été de 247 062 969 €. Un mauvais calcul donc ; d’autant que les immigrés sont plutôt profitables aux finances publiques.

Ces dérives donnent à l’opinion l’impression d’une lutte active des autorités contre le pseudo « problème de l’immigration ». Plusieurs États recourent ainsi systématiquement à l’enfermement, alors que leur législation le définit clairement en dernier ressort.

Outre sa fonction populiste, la politique répressive à l’égard des migrants étrangers nourrit le rêve des états de l’Union Européenne : l’industrialisation carcérale et la gestion des prisons par le secteur privé (exemple en France avec Bouygues, dans le cadre du Partenariat Public-Privé).

Enfin, cette politique permet la criminalisation et l’expulsion des populations assimilées Roms et Tsiganes, pourtant ressortissants européens.

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