René Lévy & Fabien Jobart, Les contrôles d’identités à Paris (PDF), enquête du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP), janvier 2010
En France en 2022, environ 3,5 % des personnes détenues sont des femmes. Une population sous considérées par les pouvoirs publics.
Quand ils travaillent, les détenus gagnent très peu (entre 2,25 et 5 € de salaire minimum horaire). L’administration leur fournit 2 repas par jour et un kit d’hygiène minimal. Le reste est payé par le détenu ou ses proches.
À la sortie de prison, les pouvoirs publics se concentrent sur le risque de récidive plutôt que sur les possibilités de réinsertion. Environ 40 % des hommes récidivent contre 25% des femmes.
Jacques de Maillard est professeur de droit et de sciences politiques à l’Université de Versailles.
Concernant les violences policières, il remarque :
qu’il existe un manque global de transparence et aucune publication officielle, malgré les efforts du Ministère de l’Intérieur (Inspection Générale de la Police Nationale et Inspection Générale de la Gendarmerie Nationale) ;
que les statistiques des associations militantes sont fiables bien qu’elles enregistrent moins de cas qu’en réalité ;
que les violences policières touchent majoritairement des jeunes et des individus racisés ;
que ces violences demeurent presque toujours impunies ;
que les policiers ont le sentiment d’être surcontrôlés par leur administration [et] faiblement soutenus par la population — fruit d’une culture corporatiste de protection extrêmement forte selon Maillard ;
que le débat sur ces violences ne recoupe pas l’opposition traditionnelle droite/gauche ;
que l’opinion publique se désintéresse du phénomène.
Maillard explique ainsi ce désintérêt de l’opinion :
En France, on a tendance à penser que la confiance accordée à l’administration tient au fait qu’elle est l’administration, et que sa légitimité découle de l’État. Il faudrait lui faire confiance, à elle et à ses cadres, aguerris, formés, républicains, qui sont censés se contrôler et se limiter par eux-mêmes…
C’est une forme d’autojustification de l’institution, qui nous distingue d’autres États de droit démocratiques. Nous sommes un pays de faible tradition libérale, au sens politique du terme, où l’État s’est construit avec peu de contre-pouvoirs externes.
S’agissant de la police et de la gendarmerie, nous tenons pour acquis que l’usage de la force est « proportionné ». C’est très présent dans la position des policiers qui consiste à dire : globalement, la violence ne vient pas de nous, nous ne faisons que répondre à une société qui devient de plus en plus violente.
Cité dans l’entretien, le rapport de l’ACAT (voir Ressources en ligne) note que la doctrine de maintien de l’ordre a changé, passant d’une conception de mise à distance des foules protestataires à une conception où l’on vise les manifestants. En outre, l’exécutif applique désormais sur le terrain une rhétorique de guerre.