Portrait de l’artiste en chat crevé, de Luc Bérimont.

Extraits tirés des éditions du Jasmin,

À quoi te sert d’avoir été
courageux, fort, croyant aux hommes ?

page 4

J’étais un invité chez toi
Ma maison n’était plus la mienne
Maintenant que tu as vécu
Je sais que le maître est parti.

page 20

L’hiver en pierre attend dehors
Je me cogne au ciel étoilé :
Moi qui ai vu mourir tant d’hommes
Je demande au dieu des gelées
Le sens glacé de ses rébus.

Il est dans un trou à la pioche
Dans le ventre de la forêt
Offert aux vers et aux vertiges
Là où le printemps fait ses dents.

pages 26-29

Toi qui seras, quoi que tu fasses
Cette chose innommable oubliée dans un trou
Retiens les bruits de ton enfance
Cloche des seaux de fer aux margelles des puits
Et le cri du coucou dans les pluies de muguet

S’il en toujours temps, pense au village heureux
Aux chevaux en sueur qui charroyaient l’orage
Pense aux pommes creusées par les guêpes d’octobre
Aux filles de dix ans, cuisses nues dans les trèfles
Pense aux paradis morts qui portaient témoignage
Avant de t’en aller dans la nuit trop fertile
La nuit dont tu sortis sur un soleil voguant

pages 44-46