Le féminisme.

Histoire et fondements théoriques du féminisme.

Résumé d’un article de Geneviève Fraisse (Universalis). Sauf indication contraire, les citations sont de l’autrice.

Mots-clés : égalité, genre

Histoire et fondements.

L’histoire a donné, de préférence, un sens politique au mot « féminisme ». Ce sens s’est imposé par la double référence à Fourier et à Dumas fils, à partir des deux courants théoriques et politiques du xixe siècle, la pensée utopique, socialiste et marxiste, et la pensée républicaine et démocratique. […] Dès le 15ème siècle, après Christine de Pizan, des femmes, et quelques hommes, écrivent pour « défendre » le sexe féminin et imaginer une égalité entre les sexes. Si le féminisme devient, à partir du 19ème siècle, un mouvement social et politique, c’est parce que les conditions historiques le rendent possible : l’avènement de la démocratie, l’apparition du travail salarié et le déclin du christianisme sont, notamment, des facteurs propices à une redéfinition du rapport entre les sexes.

Petite chronologie :

Geneviève Fraisse note que cette évolution sociale s’est faite en dehors du militantisme féministe mais pas sans lui. Elle ajoute :

Le féminisme est une action collective qui est sans mémoire des luttes et des batailles gagnées, croyant chaque fois à sa naissance première et à son originalité absolue, tandis qu’une étude historique souligne, dans ces manifestations renouvelées, de fortes analogies.

Problématique de l’égalité des sexes.

Le féminisme exprime son unité doctrinale autour d’un axe principal, la volonté d’égalité entre les sexes, formulée comme identité, ressemblance ou analogie, parfois même complémentarité. Ainsi, toute définition du féminisme est d’emblée restrictive, tant les formes particulières de ses manifestations sont équivoques.

En outre, les acquis légaux et économiques des luttes féministes repoussent le front militant et font de la vie privée un lieu politique :

La politisation de la vie privée a mis à mal la distinction entre le privé et le public sans que la frontière entre les deux apparût comme une question théorique. De même, la mise en lumière de la domination masculine et du système patriarcal a eu inéluctablement pour conséquence de produire une analyse unilatérale du pouvoir masculin. En effet, si les hommes se sont établis maîtres des femmes, ce n’est pas toujours sans le consentement de celles-ci. Or ce consentement, en retour, est un lieu propice à un pouvoir féminin qui fait partie de l’asservissement lui-même. Pouvoir du corps — celui de la séduction et celui de la maternité —, qui est aussi un pouvoir social. Le féminisme pouvait-il dénoncer l’oppression des femmes sans refuser d’analyser et de critiquer leur pouvoir propre ?

Enfin, derrière la revendication d’égalité entre les sexes, au cœur du mouvement féministe, ont pu apparaître :

Il paraît difficile aujourd’hui, conclut Fraisse, de s’en tenir à cette représentation binaire où la différence sexuelle pourrait soit se dissoudre dans l’indifférenciation du neutre, soit produire deux systèmes de valeurs imperméables l’un à l’autre. L’étude actuelle de la différence des sexes, sur ses multiples registres, biologique, historique, social, symbolique, appelle plutôt à l’analyse d’un rapport, d’une relation où ni la valorisation unilatérale, ni la solution toute faite de la complémentarité n’ont de pertinence, mais où, en revanche, la question de la domination masculine et de la tension entre les pouvoirs n’est pas annulée.

D’où l’usage du concept de genre, posant que la différence sexuelle traverse l’ensemble des champs du savoir et doit, comme tel, devenir une composante de tout travail théorique.

Bibliographie sélective.