Sur Marcel Mauss.

Introduction à la pensée de l’anthropologue français Marcel Mauss (-).

Dans une communication donnée à Cerisy-la-Salle le , le sociologue français Alain Caillé rappelle les grands axes de la pensée de Mauss.

Ce dernier a développé une théorie de l’action qui dépasse l’utilitarisme et qui repose sur :

Cependant, le cœur de la pensée de Marcel Mauss reste sa théorie du don, en particulier dans son Essai sur le don (-).

Le don.

Avant tout, Alain Caillé rappelle les formes de socialité :

  1. les socialités primaires : les rapports de personne à personne ;
  2. les socialités secondaires : les rapports entre les fonctions ;
  3. les socialités tertiaires (proposition de Caillé) : les rapports dans le contexte virtuel.

Dans sa forme la plus élémentaire, le don fonctionne sur le modèle de la réciprocité simple : un don doit être rendu, sinon il y a domination. Cela dit, il existe des formes de réciprocité asymétrique, comme par exemple le don de parents vers leur enfant.

Marcel Mauss a découvert que le don est l’opérateur politique par excellence (il transforme l’ennemi en allié). Il permet donc de penser la communauté politique, ainsi que les relations au sein de cette communauté.

Chez Mauss, le rapport social universel repose sur le tryptique « donner, recevoir, rendre ». Mais ces trois obligations n’ont de sens que s’il existe une demande du sujet qui va recevoir ; demande exprimée ou anticipée.

Le don est éminemment symbolique : il permet la reconnaissance, à la fois celle de l’autre et celle de celui qui donne. Dans le don, le lien importe plus que le bien (Caillé), l’intention importe plus que ce qui est donné.

Enfin, le don est un universel toujours différent à lui-même (Caillé) : il se transforme au fil de l’histoire.

À propos de l’éthique du care, Alain Caillé estime qu’il ne s’agit ni de charité ni d’un simple rapport de travail (cf. Joan Tronto), mais une nouvelle fois d’un don asymétrique, qui s’inscrit dans un modèle de réciprocité généralisée, soit « je donne à l’autre qui rend à un tiers, qui me donnera à son tour. »